Ressac.
 
       

Longtemps j'ai promené
Mon coeur et sa blessure
Au long du long, si long chemin
Que sont les jours de deuil.
Longtemps j'ai bercé ma douleur
Cet enfant arraché,
Cet enfant invisible,
Lové, tel un fœtus au plus creux de mon être
Aux vagues de la place.
Longtemps j'ai caché mes sanglots
Comme une chose honteuse
Dans les bruits de la ville
Longtemps, longtemps.

Sur la pointe des pieds,
Discret comme un voleur
Timidement, il revient.
Il est revenu, il est là,
Le vieux rire qui libère.
Je lisse mon visage aux caresses du vent,
Et je lave mon âme
Aux chansons de la vie.
Je goûte sur mes lèvres
Le sel des embruns
Et le sel est si bon.
Et puis, j'ouvre les mains,
Moi qui ne savais plus,
Moi qui ne voulais plus,
Je les emplis de sable
Et il me semble beau
Comme au premier matin
Même si je n'oublie rien
Et garde en mon cœur toutes choses.


Ce poème non signé se trouve en première page du N° 78 du "Pierres Vivantes"
Si un lecteur en connaît l'auteur qu'il nous en donne le nom.